Un homme, une œuvre : Paul Valéry


Emission d'hommage diffusée le 17 juillet 1946 pour commémorer le premier anniversaire de la mort de Paul Valéry. Avec les témoignages de : André Gide, Henri Mondor, Jean-Gabriel Daragnès et Georges Auric.


Paradoxe de Dieu et de la finitude



Le deuxième volume du sixième tome des Variations sur le paradoxe de Edmundo Morim De Carvalho plonge dans les Cahiers de Paul Valéry à la recherche du paradoxe de Dieu. Dans ses précédents volumes déjà, l'auteur s'était nourri des réflexions de Valéry (Paradoxes dans l'école de Palo Alto et les Cahiers de Valéry, Les dessous de la recherche dans les "Cahiers" de Paul Valéry, etc. tous parus à l'Harmattan)


Présentation de l'éditeur :

Dieu est un paradoxe majeur de la pensée humaine et il n'est pas prêt de disparaître, car il peut renaître sous d'autres formes - le paradoxe est issu d'une nasse de contradictions dont il est la "solution" idéale. Pour Paul Valéry, Dieu est plus contradictoire que paradoxal. Cet ouvrage revient sur la vision de Dieu, au recensement de certains de ses paradoxes et contradictions et à l'énonciation du vrai Dieu par Valéry.
 
Il s'agit du second volume des Variations sur le paradoxe - 6. Le premier volume, Paradoxe de Dieu et de la finitude - Docte ignorance, perspectives monades, commence avec la Docte Ignorance, autour de la Vision de Dieu ou de ce tableau "grand format" qu'est la Création ou l'univers. Il s’arrête ensuite à l'enjeu des perspectives picturales où la vision humaine se fait plurielle et sert de lien aux alliances entre l'optique, la science et la théologie. Il finit par le jeu des "monades" entre Dieu et la matière, ou le corps, dans la solitude d'un enfermement qui se combine cependant à une ouverture au monde problématique.

Edmundo Morim De Carvalho est Docteur ès lettres et sciences humaines ; ses travaux sont nterdisciplinaires.

La cuisinière de Mallarmé


ISBN : 2-87623-319-5
Format : 9,5 x 18
Nombre de pages : 120 p.
Prix : 9 €



La cuisinière de Mallarmé est un nouveau très joli petit livre que publient les éditions Michel de Maule dans leur collection « Je me souviens... ». En une soixantaine de pages d'un texte aux courts chapitres prolongés par un bel album photographique, Martine Rouart nous entraîne avec elle à l'assaut du 40 de la rue de Villejust. Chez Paul Valéry, son grand-père, au troisième étage, chez Julie Manet Rouart au quatrième, ou auprès de Charlotte, la cuisinière conseillée par Mallarmé...

Mais laissons d'abord Martine Rouart faire un peu d'une bien utile généalogie*. « En 1896, Charlotte fut introduite au 40 par Mallarmé pour servir les trois jeunes cousines orphelines, que le poète appelait « l'escadron ». L'une, Julie Manet, fille de Berthe Morisot et du frère d'Edouard Manet, était sa filleule. Une autre, Jeannie Gobillard, ma grand-mère, épouserait Paul Valéry. La troisième, l'aînée, Paule Gobillard, était peintre. »

Il faut encore prononcer le nom de Degas pour bien tout comprendre : « Le rôle de notre infernal Degas est immense ! Inouï ! Il marie les gens à la brochette et violemment encore ! - (mais les gens le voulaient bien.) », écrit Paul Valéry à André Fontainas le 10 février 1900. C'est lui qui en 1898 a présenté Jeannie à Paul Valéry et Julie à Ernest Rouart. Les deux mariages sont célébrés ensemble le 31 mai 1900. Louÿs est le témoin de Valéry à l'église, Gide le témoin à la mairie. Il emménage alors au milieu de toutes ces dames, dans l'immeuble imaginé en 1881 par Berthe Morisot.

Martine Rouart dresse le portrait de l'écrivain au travail clandestin et mystérieux, mais aussi du grand-père facétieux. C'est aussi le portrait, pièce à pièce, d'un lieu habité et traversé par les meilleurs esprits du siècle. « Ce qui était extraordinaire au 40, c'était la communauté que formaient des personnes de sexe, de conditions et d'âges différents. Il n'y avait pas de « murs » et c'est pour cela que moi, qui aurait dû en être exclue de par mon âge, j'ai vécu parmi eux sans barrière. » Un jour, la jeune Martine croise une drôle de figure dans l'escalier :

« Un jour, en bas de l'escalier que je descendais avec maman pour rejoindre le 23, je vis un homme grand, impressionnant, coiffé d'un béret et élégamment enroulé dans une cape qui tombait très bas sur ses jambes. Il me dit les trois petits mots idiots que les adultes intimidés ne peuvent s'empêcher de jeter rapidement à la tête des enfants et qui entraînent leur condamnation définitive et un grognement comme accueil. Maman, honteuse, me réprimanda et me révéla l'identité de ce personnage que j'avais si mal accueilli : « C'est un très grand écrivain et un grand ami de ton grand-père. Il s'appelle André Gide.» Naturellement, j'étais plus impressionnée d'avoir été peu aimable avec un ami de mon grand-père qu'avec André Gide. »

Au fil de ces pages, vives et sculptées, Martine Rouart donne aussi les clés pour comprendre cet homme citadelle, protégé par la tribu féminine du « 40 » et « miné » par les femmes que l'auteur qualifie drôlement d' « extérieures ». Dans son bureau où il « se débarrassait de tous les faux-semblant, la carapace de l'esprit et les mensonges de complaisance » pour mieux se relier à tous les « moi », et en dialogue, intensément, avec le beau sous toutes ses formes, tel est le Valéry que nous restitue Martine Rouart. Sa voix (ô l'importance de la voix pour Valéry !), même faible, nous semble proche. C'est qu'elle n'en est que mieux partagée.






(Signalons encore l'album photographique qui prolonge cette vivante évocation : album où l'on trouve encore Gide, Mallarmé, Renoir, Degas, Poulenc... et quelques pages en fac-similé du livre de recettes de Blanche Monet pour préparer les langues de chat, le Mirabeau ou le moka tels que devaient les déguster les invités du « 40 ».)



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* Voir aussi cet autre livre qui vient de paraître : Le roman des Rouart, David Haziot, Fayard, 2012, Paris et ces articles qui éclairent les liens Manet-Degas-Renoir-Lerolle-Rouart dans Le Figaro et Le Point.